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A propos de Danièle Delbreil

Née en 1947 à Toulouse, Danièle Delbreil y étudie la littérature, puis la psychologie.

 

Elle s’est mise à peindre en autodidacte, vers 1985. Son inscription joue avec des références multiples : peinture pompéienne, Renaissance italienne et peinture flamande, peinture des « vanités », surréalisme, symbolisme… Fruits, objets, corps, si attentivement et si amoureusement rendus, se trouvent pris dans une intrigue de sens, comme prolongés d’une ombre fantasmatique.

 

Elle peint en formats modestes, à l’huile, sur un support de bois enduit de plâtre finement poncé, d’où la lumière monte à travers une pâte légère. Récemment, elle a aussi utilisé un support minéral, marbre ou calcaire. 

 

 

A propos de quelques unes de mes peintures

 

"Cette œuvre vient de loin, parce qu’elle est cultivée. Chacun de ses tableaux est peuplé de textes, de mythes, de voyages. On ne les goûte pleinement qu’en se souvenant

des livres, des conversations, des paysages, ou des Dieux.

Ils portent la nostalgie d’un temps où la beauté était voulue. Ce temps n’est pas historiquement fixé, il est sans doute de tous les temps, mais sans aucun doute contre l’air du temps."

Yves Le Pestipon

 

Ma peinture est d’abord un hommage au réel.  Pour cela rendre au plus près le détail, l’eau d’un bocal, la tavelure d’une peau de grenade, le cheminement d’une veine, le velours d’un pétale. Les chairs du monde, mais aussi  ses pierres et ses ossements.  Pour autant je ne suis pas un peintre réaliste. La plupart de mes toiles dérangent. Le réel que je donne à voir est habité d’une réalité psychique, traversée de désirs, de violence, d’angoisse de mort et de castration.

 

C’est mon imaginaire et mon réseau de références qui élisent et combinent des fragments de réel dont je composerai un tableau. Les objets y projettent toujours des ombres ambigües. J’y croise les fantasmes imposés par mes rêves, les traces de l’Histoire, les échos d’un poème, une allusion aux mythes. Mes montages n’illustrent pas, ne font pas allégorie. J’espère que les rapprochements que j’opère et qui me restent en partie incongrus, renverront le spectateur à son propre labyrinthe d’associations. Les titres de mes tableaux, qui jouent avec les signifiants sont une claire invitation à ce jeu.

 

Je mobilise les références littéraires et les allusions à l’histoire de la peinture. J’emprunte avec volupté et sans remords. Aux peintres de la renaissance, aux maniéristes, aux peintures du Fayoum et de Pompéi comme aux caravagesques ou à Dali, sans parler des contemporains figuratifs pas toujours reconnus.

 

Ma technique est archaïque. Je peins sur des supports rigides.  Tantôt sur bois couvert d’un enduit finement poncé, rendu très lisse. J’utilise peu de matière la lumière venant du support.  Récemment j’ai découvert la peinture sur pierre calcaire, support chargé d’une histoire géologique qui transparait sous la figuration, imposant une sorte de palimpseste aléatoire et multimillénaire.

 

Ces techniques demandent du temps. Et peindre s’inscrit pour moi dans la perception et l’épreuve du temps, dans  leur transcription.

 

Dès que l’on invoque le temps, la chanson s’impose et se fredonne toute seule : « Avec le temps va, tout s’en va, tout s’évanouit… ».  Mélancolie trop amère : si le passage du temps nous inflige la douleur de devoir tirer plus ou moins élégamment notre révérence, il est aussi ce qui nous a fait, nous fait encore. Que serait l’humain sans la mémoire ? Je voudrais donner ci-dessous quelques exemples des confluences de subjectivité personnelle et d’échos culturels à l’œuvre dans ma peinture. Les tableaux référencés ci-dessous renvoient à la galerie du site.


« Novillada » : Une fillette s’apprête à rentrer dans l’arène de la vie. Elle ne sait pas nager, une bouée autour des reins, elle fuit l’espace ouvert pour entrer dans celui, fermé, d’une épreuve,  sous le regard perçant  d’un vieil homme.  Aux pieds de celui-ci une femme future attend. Souvenir enfantin précis, conjugué aux métaphores de la corrida. Y entrent la peur, le sentiment de solitude, la honte envahissante lorsqu’un regard pèse sur vous.  Dans l’arène, affrontement avec la bête que le temps permettra d’apprivoiser, mais qui  jamais ne meurt.

 

« La Nina de Monfalco » : Née de la trouvaille d’une vieille carte postale dans une maison abandonnée en Aragon.  Là le temps pèse douloureusement, dans la ruine de cette belle maison, où les meubles éventrés gardent encore les signes de la vie passée, lettres, photos, objets. Et la photo de cette enfant au regard intense. J’ai rêvassé, comme le fait Catherine Millet, sur cette image, me suis raconté une histoire, j’ai  introduit la cigogne, symbole mensonger de la reproduction et silhouette familière aux clochers des villages espagnols. Seule est la fillette face aux questions de la naissance, dans cet habit de fête, d’une blancheur prénuptiale.  Ici se nouent  l’archaïsme de ce que je mets en scène et l’éternelle inquiétude de tout sujet devant son devenir. Le jeu des passages fait pour moi écho à ce tableau  de Dorothea Tanning, « Birthday ».

 

«Un air de Blues » : Evoque les déboires de la vie, l’os célèbre la dure beauté de la mort. Les crânes ne finissent pas de chanter dans le vent.

 

« A la las cuatro de la tarde » : La pastèque éclatée brille, son jus bloquera les aiguilles du temps.  Dans « Pandora » la grenade meurtrie se fend, ses graines vont jaillir, promesses ou menaces ?

« Et que la grenade est touchante

Dans nos effroyables jardins »

Apollinaire, Calligrammes

 

J’aime rendre la chair, la couleur, le velouté fragile des fruits.  A ce plaisir immédiat d’une célébration des choses s’ajoute celui de se glisser dans le temps long des références, la mythologie grecque (par exemple le mythe de Perséphone ), et l’histoire de la peinture, natures mortes, vanités…

 

« Grêle d’Ange » : La citrouille exubérante, plante lyrique des potagers, monte au ciel pour y perdre sa  promesse de fécondité, qu’un ange au sein turgescent lui ravit. Hommage ironique à la peinture de la Renaissance, au maniérisme d’un Pontormo, je joue souvent presque malgré moi sur l’opposition turgescence/dégénérescence.

 

«  Ephéméride » : Deux chairs, celle, pleine, des lèvres, et celle, si parfaite et si évanescente de la fleur de magnolia, deux temps.

 

Fayoum : peintures des premiers siècles de notre ère, sur bois ou sur tissu, du visage d’êtres passant vers l’au-delà. Curieusement le travail sur la pierre m’a conduite à tenter de capter le regard, une fois de plus, et autrement. Comme si la pierre et ses siècles de sédimentation ouvraient une profondeur d’où nous appellerait, avec une force et une fragilité décuplées, l’insistance muette du regard.

 

 

Expositions collectives

 

  • ENAC et Centre Culturel de Toulouse, « la nature morte », 1987

  • Salon des Artistes Méridionaux, Toulouse, 1990, 1991, 1993, 1995, 2000, 2007

  • Galerie « L’Etang d’Art », Bages, 1992

  • Salon de Castelsarrasin, 1993, Prix du jury

  • Créer au Féminin, Toulouse, 1994

  • Salon de Montauban, 1994, 1995

  • Galerie du Cloître, Moissac, 1995, 1996, 1997

  • Exposition Européenne, Galerie Anagma, Valencia, 1996

  • « Les Peintres Poètes », Saint Martory, 1998

  • Galerie « Le Palladion », Toulouse, 1998, 1999 et « Féminin Pluriel », 2000

  • Galerie de l’Hotêl de Wicque, Pézenas, 2000

  • Rencontres artistiques de l’Imaginaire, Hôtel-Dieu Toulouse, 2001

  • Galerie Roger BETTI, Toulouse, 2005

  • Artistes aux jardins, La Croix-Falgarde, 2007

  • Atelier Caviart, l’Estarac (Bages), 2014

  • Galerie Concha de Nazelle, Montauban, 2014

 

 

Expositions personnelles

 

  • Galerie Simone Boudet, Toulouse, 1989, 1992, 1996

  • Galerie Catherine Bourlet, Genève, 1993, 1996 et « Europ’Art », Genève, 1999

  • Le Tour des Rondes, Lavaur, 1994

  • Galerie des Vergers, Sion, Suisse, 1995,1999

  • Galerie Anagma, Valencia, 1997

  • Galerie Etienne de Causans, Paris, 2000

  • Ombres Blanches, Toulouse, 2002

  • Midi Libre, Lodève, 2006

  • Galerie Concha de Nazelle, Toulouse, 2009

  • Galerie Concha de Nazelle, Toulouse, 2012

 

 

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